Lor est un adolescent fragilisé par la mort de son grand-père. Sa place n’est plus dans l’univers préservé des femmes, ni dans celui cynique et cruel des hommes qui s’amusent à faire tourner sans fin sur lui-même un vieux chien pelé, effrayé par leur vacarme. Il faut partir, briser le cercle vain du repliement sur soi qui ne conduirait qu’à la folie. Et ce départ ressemble à une fuite, avec pour tout viatique un collier de perles et un chant : Celui qui traverse. Mais l’alternative entre un Orient de misère et un Occident de mirage constitue-t-elle vraiment un choix ?
Extrait :
LOR. – Encore la honte ! Arrête avec la honte ! Mon père aussi n’avait que ce mot à la bouche… La honte de rien du tout !… Tiens, si tu m’en laissais le temps, si tu avais la patience de m’écouter calmement, sans me brusquer ni m’interrompre, je te raconterais exactement pourquoi j’ai quitté le village.
T’A. – Je le sais, moi : pour la même raison qui t’agite encore. Entends-toi parler : « Je ne pouvais pas faire autrement », « Je suis parti sans me poser de questions »… Ça ne s’appelle pas partir, ça s’appelle : fuir.