La terrible guerre qui dure depuis quatre années prend fin. L’arrêt des combats est décidé. L’armistice entre les belligérants va être signé aujourd’hui, 11 novembre 1918. Rien ne serait plus stupide, plus inutile que de se faire tuer maintenant, alors que la victoire est acquise et la paix gagnée…
Extrait :
À ma grande surprise, Étienne s’est redressé de toute sa hauteur. Je ne sais pas ce qu’il lui a pris. Je ne le saurai jamais. Je n’ai pas eu le temps de le mettre en garde, il s’est écroulé à mes pieds comme un mannequin de chiffon, vidé d’un coup de sa substance.
Je me suis penché sur ce grand corps inerte. Absurdement, je l’ai supplié :
– Ne te relève pas, bon dieu. Ils sont là tout près.
L’avertissement que je n’avais pas eu le temps de formuler. Et peut-être, même, n’ai-je rien dit, ai-je juste prononcé ces mots dans ma tête.
Étienne ne répondait pas. Je l’ai cru mort. Il ne l’était pas encore. Un peu de force lui est revenue :
– Mon Armand… ma Marie-Céline… tu leur diras…
Il a ajouté :
– Demain.
C’est le dernier mot qu’il a prononcé en conscience, avec le regard encore présent. “Demain.” Après il a grommelé quelques paroles incohérentes. Il souffrait terriblement. Et ç’a été fini d’un coup.
Deuxième édition, avec un dossier documentaire de Laëtitia Michetti.
ÉPUISÉ.